SYNDROME DE CUSHING
Le Syndrôme de Cushing est dû à une dégénérescence neuronale dans l’hypophyse, une des régions de l’encéphale. L’hypophyse joue un rôle central dans de très nombreuses régulations hormonales, c’est pourquoi son dysfonctionnement a des conséquences sur l’ensemble de l’organisme.
Épidémiologie
Cette affection est liée au vieillissement : elle est plus fréquente à partir de 15 ans, âge à partir duquel on peut considérer que le risque augmente de 18% chaque année. Il faut noter que quelques cas sont décrits à partir de 7 ans.
Chevaux, poneys et ânes peuvent être touchés.
Signes cliniques
En phase précoce, ce sont des modifications subtiles : retard de mue, plages de poils plus long que sur le reste du corps, changement de pigmentation.
Dans les stades plus avancés, la mue peut être totalement absente et/ou le cheval peut présenter de « l’hirsutisme » (cf. photo).
Ces anomalies peuvent s’accompagner de sudations excessives et de diverses maladies de peau
Les modifications hormonales du Syndrôme de Cushing favorisent l’apparition de fourbures. Attention, les dysfonctionnements hormonaux sont également à l’origine d’une forte libération d’endorphines qui peuvent masquer les signes de douleur et retarder la prise en charge de la fourbure. Principale complication du Syndrôme de Cushing chez les poneys, les signes de fourbure chronique à rechercher sont : une sole concave, une paroi convexe et des stries divergentes en talons (cf. photo).
• Infections chroniques ou récidivantes + retard de cicatrisation
Sans que les causes ne soient encore clairement établies, il a été observé que les équidés atteints de Syndrôme de Cushing étaient plus sensibles aux infections, notamment :
– infections cutanées ou dermatophiloses primaires
– abcès de pied
– sinusite, bronchite
– gingivite, périostite alvéolaire
– parasitisme
Non seulement la fréquence de ces affections augmente dans cette population, mais la difficulté à les traiter correctement augmente également : ces infections deviennent souvent chroniques ou sont récidivantes.
Par ailleurs, les équidés atteints de Syndrôme de Cushing présentent souvent un temps de cicatrisation augmenté.
• Modification du comportement
Très fréquemment, les équidés atteints de Syndrôme de Cushing présentent un état de dépression pouvant aller jusqu’à la léthargie. Le comportement alimentaire peut également être modifié : soit une anorexie s’installe, soit, à l’inverse, l’appétit est augmenté (on parle alors de polyphagie). Cela peut s’accompagner de l’augmentation de la prise de boisson (on parle de polydypsie) associée à l’augmentation de l’émission d’urines (polyurie).
• Modification de la silhouette
On observe souvent une fonte musculaire de la ligne du dos et des muscles abdominaux à l’origine d’un abdomen dit « pendulaire » (le ventre est rond alors que les côtes sont visibles). En parallèle, une redistribution graisseuse s’opère. On peut aussi observer des dépôts de tissu adipeux dans les salières au-dessus des yeux. L’équidé peut également devenir obèse.
• Troubles cardiaques et neurologiques
Une insuffisance cardiaque peut progressivement s’installer.
Le Syndrôme de Cushing entraînerait aussi une augmentation de la taille de l’hypophyse, qui elle peut finir par comprimer d’autres structures dans l’encéphale et être à l’origine de troubles d’origine nerveuse comme la cécité, l’ataxie (troubles de l’équilibre) ou encore des convulsions.
Diagnostic
Le diagnostic peut être uniquement clinique lorsque l’équidé présente de l’hirsutisme. Les autres symptômes ne sont pas caractéristiques car ils peuvent être causés par d’autres maladies comme le Syndrome Métabolique Equin. En cas de suspicion de Syndrome de Cushing, le test de référence pour confirmer le diagnostic est le dosage de l’ACTH, une hormone produite par l’hypophyse. Le vétérinaire réalisera pour cela une prise de sang, et le prélèvement sera envoyé en laboratoire. La différence entre les taux d’ACTH des chevaux sains et des chevaux malades est d’autant plus marquée en automne. Parfois, en début d’évolution de la maladie, les symptômes sont discrets et les valeurs d’ACTH sont proches des limites. On pourra alors répéter le test et/ou entamer le traitement afin d’observer si les symptômes rétrocèdent.
Traitement & pronostic
L’intérêt du traitement est de freiner les dérégulations hormonales afin d’éviter les complications qu’elles entraînent, et qui peuvent aller jusqu’à la mort de l’animal. Avec un traitement quotidien à vie, le pronostic est relativement bon en l’absence de complication. Si des signes neurologiques ou des fourbures à répétition apparaissent, le pronostic s’assombrit.
Le traitement de référence est le mésilate de pergolide (Prascend®), un comprimé à faire avaler tous les jours, à vie. Cela représente un coût moyen d’une centaine d’euros par mois de traitement. C’est le seul traitement reconnu, efficace dans 75 à 100% des cas. D’autres molécules sont parfois utilisées mais très peu d’études ont à ce jour prouvé leur efficacité chez le cheval (trilostane, cyproheptadine, bromocryptine). Une 1ère phase du traitement consistera à établir la dose minimale efficace, c’est-à-dire la plus petite dose suffisante pour faire disparaître ou freiner l’évolution des symptômes. Une fois cette posologie établie, l’équidé devra être suivi régulièrement (tous les 3 à 6 mois) afin d’évaluer l’évolution de la maladie et de vérifier par prise de sang la diminution du taux d’ACTH. La dose de Prascend® pourra être augmentée au besoin.
La grande majorité (>75%) des équidés répondent au traitement en moins d’un mois, mais il faudra parfois être plus patient car certains mettent plusieurs années avant d’être stabilisés. En cas de non réponse, la posologie pourra être augmentée, et/ou le traitement pourra être complété avec une autre molécule.
Des mesures hygiéniques sont à coupler à l’administration du médicament, afin d’améliorer le confort de vie de l’animal et d’éviter certaines complications inhérentes à la maladie. Les équidés atteints devront :
– avoir une alimentation adaptée à leurs symptômes
– être vermifugés 4 à 6 fois par an et vaccinés régulièrement, car leur système immunitaire est moins performant
– avoir des soins podaux et dentaires réguliers (jusqu’à 4 fois par an conseillé pour les soins dentaires), afin d’éviter la formation d’abcès facilitée par la maladie
– pour les animaux hirsutes, être tondus pendant les périodes chaudes
À RETENIR :
– le Syndrôme de Cushing touche surtout les équidés de plus de 15 ans
– divers symptômes en sont évocateurs : des anomalies du poil, des fourbures,
des modifications du comportement…
– les équidés atteints sont plus sensibles aux infections et au parasitisme
– le diagnostic se fait par prise de sang
– un traitement existe sous forme de comprimés qu’il faut donner quotidiennement à vie
Sources :
DEPECKER Marianne, DMV, ECVIM : Le dysfonctionnement de la pars intermedia de l’hypophyse chez les équidés (2016). Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes.
TAMZALI Youssef, DMV, ECVIM : Similitudes et différences entre la maladie de Cushing et le syndrome métabolique équin (2013). Pratique Vétérinaire Equine, n° spécial 2013.
MAURIN Emmanuel, DMV : Syndrome de Cushing (2010). Guide pratique de médecine équine, 2e édition.